Situation Insurectionnelle en Haïti
La Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens (NCHR) note une recrudescence d’actions rebelles à travers le pays. Tout a commencé avec la prise de contrôle du Commissariat de la ville des Gonaïves par le Front de Résistance de l’Artibonite. L’échec de l’intervention policière pour la reprise de la ville des Gonaïves a donné des ailes à d’autres villes de l’Artibonite dont l’Estère, Ennery, Petite-Rivière de l’Artibonite, Saint-Marc, Desdunes, etc.
Le département le plus vaste de la République et le deuxième en importance sur le plan démographique échappe presque totalement au contrôle des forces gouvernementales. D’autres villes du Nord, du Nord-Est et de l’Ouest connaissent la même situation. Il s’agit de : Limonade, Trou-du-Nord et Grand-Goâve. La tendance à la généralisation de la résistance est grande.
La NCHR révèle que les deux (2) camps (forces gouvernementales et anti-gouvernementales) se sont rendus responsables d’atteintes graves aux droits de l’homme :
– Aux Gonaïves, un policier blessé, transporté à l’hôpital « La Providence » a été arraché sur la table d’opération et exécuté en public par des membres du Front de Résistance de l’Artibonite. Un présumé voleur a été aussi exécuté dans cette ville. Les corps des policiers tués n’ont pas été remis à leurs parents pour inhumation, ils ont été carbonisés en public.
– Des cas d’homicides délibérés de civils non armés aux Gonaïves et à Saint-Marc sont reprochés à des policiers au cours de l’opération du Samedi 7 février.
– Au moins cinq (5) partisans de l’Opposition ont été exécutés sommairement à Cité Soleil par des partisans armés du pouvoir.
– Des maisons appartenant à des partisans zélés du pouvoir ont été saccagées dans des villes contrôlées par les forces de l’Opposition comme à Saint-Marc, aux Gonaïves et à Trou-du-Nord.
– Un commando armé, ayant à sa tête, l’ex-Député Nahoun Marcellus a incendié au Cap-Haïtien les studios de Radio Vision 2000, branche Nord. D’autres stations de Radios indépendantes, membres de l’ANMH (Association Nationale des Médias Haïtiens) et des journalistes de la presse libre sont dans la ligne de mire du pouvoir. Une liste de journalistes, de militants des droits humains, de leaders politiques et de personnalités du secteur privé à abattre circule à Port-au-Prince.
– Des rumeurs, de plus en plus persistantes, font état d’une opération de distribution d’armes et de munitions par le pouvoir à ses partisans.
La NCHR rappelle à tous que tout groupe qui a le contrôle effectif d’un espace géographique à l’impérieux devoir de garantir la sécurité des vies et des biens sur cet espace. Les groupes rebelles s’opposant au Président Aristide doivent éviter de se rendre coupables d’exactions.
La NCHR condamne l’attitude du Gouvernement qui tente de résoudre par les armes un problème essentiellement politique. L’heure est à la sagesse politique et non aux réactions de désespoir et de folie susceptibles de provoquer un génocide. La catastrophe humanitaire qui nous guette est évitable. L’intervention militaire étrangère, particulièrement en cette année du bicentenaire de l’indépendance, n’est pas une option.